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Sophie Lavaux

Sculptures

Exposition du 17 juin au 5 août 2016
(Suite du texte de la Newsletter)
Ce sont pourtant les formes, les volumes, et l'architecture des espaces naturels qui l'attirent, et c'est dans la sculpture qu'elle va trouver l'expression de son émotion artistique: "du fond des océans au sommet des montagnes, les paysages de mon enfance étaient grandioses. J'ai toujours éprouvé le besoin de transcrire toutes ces structures et ces couleurs, gravées dans ma mémoire et qui servent mon inspiration".
Entretenant toujours une indispensable relation avec la nature, cherchant l'esprit des lieux dans un site, Sophie Lavaux élabore aujourd'hui de grandes sculptures en terre cuite, fragiles et dures à la fois, qui portent en elles des effluves intemporels comme les réminiscences d'un monde suspendu entre réel et merveilleux. Ces oeuvres de grès ou de porcelaine non émaillées, sensuelles, délicates et raffinées, témoignent d'une essence féminine aux échos profondément harmonieux.

La Nature racontée en sculptures
Texte de Michèle Riché

Appréhender l’immédiateté d’un objet d’art, sa couleur, sa forme, son histoire… Sophie Lavaux nous invite à ne voir que l’essentiel, une nature composée de figures simples, sans artifice ni faux semblant. Là réside toute la force de ses sculptures où se mêlent le grès et la porcelaine.

Face aux forces de la nature et à la prédation des humains, une artiste sonde la matière brute, la sculpte et l’expose dans un environnement transmué par ses créations. Car c’est bien de composition qu’il s’agit là, tel un maître de musique traçant sur le parchemin une progression harmonique, Sophie Lavaux délimite un territoire peuplé de sculptures raffinées, nuancées, fragiles et empreintes d’histoire.

Ici, rien de factice, la matière permet de produire un nombre infini de possibles. Les sculptures apparaissent comme un grand puzzle émanant d’un réel idéalisé, entre minimalisme et art conceptuel auxquels l’artiste empreinte l’exigence créative, et les tons monochromes, gris, sable, blanc. On sent l’importance du regard porté sur les plantes, écorces d’arbres, graines, pétales de fleurs, et l’élégance de la mise en scène inspirée d’un décor naturel. Chaque sculpture est à la fois unique et rattachée à un ensemble disposé dans un espace choisi. Une topologie qui repose sur la dimension des objets et sur l’architecture des formes à l’impeccable géométrie.
Pour Sophie Lavaux, cette vision moderniste d’une nature en trois dimensions est une métaphore du vivant. En jouant avec les usages naturalistes et les affres du temps, elle accède à un formalisme dépouillé et libéré de contraintes. En perspective, l’élémentaire de la matière qui incite à réexaminer les origines, le socle nourricier qui nous a vu naître. Il y a quelque chose qui touche à la pureté, à la rareté mais aussi à l’audace dans ses sculptures. On devine une artiste fascinée par la nature qui l’entoure, immortalisant la vie dans l’intemporalité de l’objet auquel elle confie ses émotions. En empruntant le chemin de ce jardin aux sculptures ciselées, le promeneur reprend le fil d’une conversation antérieure trop longtemps oubliée, un instant privilégié consacré à l’intimité de l’art.

La genèse
Tout a commencé par le feu, et il a forgé la terre. L’eau s’est infiltrée, elle a façonné les formes, tracé les courbes, fait jaillir les couleurs. Ces trois éléments sont présents dans le travail de l’artiste. En choisissant la céramique comme matériau, Sophie Lavaux s’est investie dans un labeur qui allie les beaux-arts et la technique.
De la terre cuite à haute température, soumise à une action progressive du feu et subissant ainsi une métamorphose chimique et physique, va naître un objet transformé. Pour Sophie Lavaux,
« La terre est un formidable éventail de couleurs et de textures (…) une infinité de créations possibles selon la manière d’utiliser les oxydes et de cuire la matière, kaolin, quartz, feldspath, silice, grès ».

La naissance
L’art de la céramique c’est un pan de l’histoire de l’humanité, un témoignage des civilisations.
Sophie Lavaux s’est emparée de cet héritage. Minutieusement, avec parcimonie, d’une main adroite et posée, l’artiste reprend le fil de la fabrication, poussant les volumes, dialogue corpsélément, course avec le temps, la nature reste imprévisible, la matière se transforme, il faut éviter les failles, les fissures. Elle avoue vivre « un moment d’appréhension, intime, magique, la porcelaine blanche exprime la fragilité, la beauté, mais aussi l’extrême dépendance à l’environnement »

L’installation
La noblesse du geste, c’est l’art de maîtriser l’objet de sa naissance à sa mise en perspective. L’artiste ne renonce jamais à dépasser les figures imposées, elle innove. Les assemblages sur l’eau sont formés de pièces de porcelaine et de grès de 100 cm à 130 cm, qui flottent et jouent avec leurs ombres; de corolles en porcelaine blanche striée de 100 cm à 110 cm, jumelles des coraux marins, reflets de lumière posées sur une eau sombre; de nénuphars érodés, en porcelaine de 50 cm à 200 cm, qui tapissent une pièce d’eau au détour d’un jardin japonais…
La scénographie est étudiée à la perfection, une forme de happening de l’espace et du temps. L’enjeu est à la fois d’investir le lieu et d’interpeller le promeneur afin qu’il pose naturellement son regard sur les oeuvres. Un chemin initiatique où la modélisation du paysage est conçue comme un instantané graphique, architectural et plastique. Dans des lieux revisités à l’image de ses oeuvres, Sophie Lavaux nous conduit à nous interroger sur « la genèse du commencement » et sur son évolution.

A propos de…
Marmaille La Réunion
Un jour elle venait juste de franchir le pas de l’atelier ; il y avait un désordre choisi ; des toiles, des pinceaux, des couteaux ; l’odeur de térébenthine, de peinture à l’huile, de colle. Dehors, un arbre du voyageur et un sentier qui mène à la Cascade des Cormorans ; en contre-bas le Cap La Houssaye et l’immensité de l’océan Indien…
Sophie Lavaux a été bercée par la musique de l’Ile de la Réunion, entre frangipanier et boucané, Maloya et macatia, babouk et zwazo... Cette dimension créole coule dans ses veines et c’est naturellement qu’elle a choisi de venir à nouveau passer un moment en famille sur l’île, il y a quelques années, le temps d’un livre sur la botanique et d’une exposition de tableaux.
Dans son atelier de Saint-Gilles les Hauts, à l’ouest, sur la côte sous le vent, elle a commencé un long travail d’introspection. D’abord la peinture, avec une recherche sur les couleurs, les pigments, la matière; puis, la sculpture et la fascination pour la mise en volume des matériaux bruts. Au gré de son parcours d’artiste, elle n’a jamais perdu le fil de son inspiration. Sans doute les chemins qui la conduisaient enfant le long des champs de canne vers l’école, les matins sur les marchés de Saint-Paul où papayes, cocos, letchis rivalisent de senteurs, ou encore l’ombre des badamiers dans la maison familiale ont forgé son imagination et sa créativité.

De retour en métropole et après un instant passé à Paris, l’artiste a construit sa nouvelle maison et son atelier à Uzès, dans le Gard, où elle a posé ses brosses, ses pinceaux, ses ciseaux. Elle a alors entrepris de réaliser des sculptures en harmonie avec l’environnement, prolongement d’un long cheminement qui la conduit désormais à travailler le gré et la porcelaine. Dans ce lieu fécond, Sophie Lavaux poursuit sa route à la rencontre des matières et des formes remarquables.

Sophie Lavaux en trois temps
Diplômée de l’Ecole Supérieur des Arts Décoratifs de Paris, promotion 1981.
Passe son enfance à l’île de la Réunion dans l’océan Indien.
Vit désormais à Uzès dans un immense jardin qui abrite sa maison et son lieu de travail.