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Photo et peinture réconciliées?

Eléments de photographie
dans l’idée de la peinture

Du 20 juin au 15 juillet 2014

Introduction à la thématique de l'exposition par Henri Peyre, Nîmes, créateur et webmaster du site Galerie-Photo.com, le site français de la photographie haute résolution, et l'un des auteurs des photos de l'exposition.

La photographie : une menace pour la peinture

A ses origines, la photographie a d’emblée été une menace pour la peinture. Photo-graphier, c'est dessiner avec la lumière.Les peintres, dès l’apparition de la photographie, ont compris qu’ils perdaient le monopole de la figuration ; ils ont compris aussi que la nouvelle venue dessinait mieux qu’eux.

Aussitôt la guerre a commencé. Même si la plupart des peintres se sont tout de suite servi de la photographie, ils ont également abondamment critiqué les photographes : n’étaient-ils pas des « peintres ratés » et la photographie n’était-elle-pas vulgaire dans le rendu, incapable qu’elle était de trier ce qui était montré, incapable d’aller à l’essentiel, et par là non artistique ?

La peinture obligée de laisser la figuration à la photographie

Avec l’apparition de la couleur en photographie, la figuration ne pouvait définitivement plus rester aux mains des peintres. L’establishment culturel, propriété des peintres, choisit une double parade : l’institution artistique devait être interdite aux photographes tandis que la peinture devait évoluer vers l’abstraction pour rester encore le grand art majeur.
Coincés dans un réduit, les photographes s’emparèrent du Vrai et de la représentation documentaire comme on s’empare d’un drapeau dont on est fier ; ils se firent en quelque sorte plus primitifs qu’ils n’étaient aux origines, plus purs et durs, plus vulgaires et directs, plus antibourgeois qu’ils n’auraient dû l'être, parce qu’ils n’avaient aucun autre choix : non, leur figuration n’était pas plus vulgaire que celle des peintres : les peintres étaient simplement des bourgeois qui ne voulaient pas voir le réel comme il était.

Le public arbitre… et cruellement

La stratégie des peintres et des photographes en lutte pour la reconnaissance artistique put tenir de cette déplaisante façon une bonne partie du XXe siècle ; mais l’immense majorité du public aimait toujours autant la figuration et suivait peu la peinture dans sa prétention à l’exclusivité de la matière et du trait, en même temps qu’elle s’achetait appareils photos et téléphones portables capables de prises de vue. Aujourd’hui des millions de photographies sont faites chaque jour dans le monde ; elles témoignent tout autant de la passion continue du public pour la figuration que de l’absurde revendication « documentaire » du photographe comme sésame d’une prétention artistique.

«L’institution artistique devait être interdite aux photographes tandis que la peinture devait évoluer vers l’abstraction pour rester encore le grand art majeur.»

Que retenir de cette histoire chaotique ?

Avant tout une chose : le savoir-faire figuratif de la grande tradition de la peinture européenne a été perdu lorsque la peinture a dû laisser le champ de la représentation à la photographie. Les photographes artistiques ont été obligés de reprendre la figuration dans le sens le plus froid, le plus dépouillé, le plus documentaire possible, puisqu’ils n’avaient pas d’autre choix que d’être les héros du Vrai. Ils ont aussi exprès nié l’art accompli des peintres figuratifs auxquels ils arrachaient la figuration et jeté un savoir-faire constitué par des siècles de tradition comme une vieille eau sale.

Ce que propose cette exposition

L’exposition de photographie qui vous est proposée ici tente de présenter des photographies qui reprennent et utilisent les grandes armes anciennes et délaissées de la peinture : sélection orientée des objets et des formes, composition rigoureuse, tradition du pli et jeu sur la netteté et les couleurs.

Elle a été montée par des artistes qui considèrent que la peinture est la plus grande amie que la photographie ait jamais eue, et que la figuration est le moyen le plus intéressant pour mettre en valeur une beauté du monde qui dépassera toujours celui qui tente de la montrer, et naturellement toujours plus l’homme qui ne sait même pas que c’est là qu’il faut chercher le secret de la belle vie.

Non seulement cette photographie réconcilie la photographie et la peinture mais aussi les techniques contemporaines et la grande tradition des siècles passés, l’art et le travail, l’invention et la longue patience de la tradition, la mémoire et l’exaltation du présent qui peut exister si fort sous nos yeux.

Nous espérons du fond du cœur que vous ressentirez aussi le choc de ce dépassement.